vendredi 25 décembre 2009

Une nuit à Bollywood

Des décors ultra kitsch, des acteurs mauvais et une organisation douteuse... C'est bien l'image que j'avais de Bollywood, et pour une fois l'image était conforme à la réalité :)

Le recruteur nous attendait vers 17h, avec un minibus confortable. Nous étions une vingtaine, Allemands, Israéliens, Français en majorité. Tous entre 25 et 35 ans. Les studios se situent au Nord de Bombay. Colaba étant au Sud, le voyage a duré 3 heures et demie, le temps de se frayer un chemin au travers de la circulation ultra dense. Ce qui m'a laissé le temps de faire connaissance avec un Canadien et une Allemande, qui comme moi participaient pour la première fois à un tournage. Nous en avons profité pour échanger nos expériences en Inde et nos bons plans de logement pour les prochaines destinations.

Arrivés sur place, le recruteur nous a installés dans un hall d'hôtel décrépit, au milieu d'autres figurants Indiens, sur des chaises bancales en plastique. Quelques minutes plus tard, le thé gratuit promis arrivait. A l'extérieur du hall, la production avait reconstitué un décor d'aéroport peu crédible. Notamment, 3 pseudo-boutiques, intitulées très originalement "Flowers", "Tour/Travels" et "Books/Magazine". Au bout d'une petite heure nous sommes allés sur le plateau, les stars étaient déjà en place avec leurs T-shirt fluos, leurs cheveux abondants et gominés et leurs chemises arlequins. Des assistants nous ont disposé de part et d'autre de la scène centrale. Nous devions passer nonchalamment d'un côté à l'autre du décor tandis que nos 5 stars jouaient. Nous avons tourné 5 ou 6 scènes, avec à chaque fois une petite dizaine de prises. Le tout a duré de 22h à 4h du matin environ, avec une coupure pour le "free dinner", un thali de piètre qualité.


En ce qui concerne le film, personne n'a compris de quoi il s'agissait au juste. Dans l'une des scènes, un des types rencontrait les 4 autres, à un moment donné ils se sont échangés de l'argent, mais la plupart du temps leur rôle se cantonnait à discuter entre eux de manière peu naturelle. A la fin de chaque scène réussie, les acteurs et le réalisateur se congratulaient longuement, se donnaient de grandes accolades, tout le monde applaudissait, enfin, du grand n'importe quoi. Le boulot des figurants était très simple mais fatiguant, à force de poireauter pendant que nos stars se préparaient en écoutant les conseils du réalisateur. Nous n'avions rien de spécial à faire, très peu d'instructions, beaucoup de freestyle. Si j'avais envie d'aller à droite au lieu d'aller à gauche, personne ne m'en empêchait ni me disait quoi que ce soit. J'avais un petit chariot d'aéroport, peint à l'arrache et transportant des sacs vides (on voyait très bien qu'ils étaient vides mais peu importe), et je parcourais la scène dans tous les sens avec ma femme (l'Allemande). On était censés avoir des costumes et être maquillés, mais rien du tout. Chacun était dans ses vraies fringues et avec son vrai teint.

Vers 4h les figurants, Indiens et occidentaux, s'affalaient dans tous les coins dès qu'ils avaient 5 minutes, épuisés. Un concert d'applaudissement plus fort que les précédents nous a fait comprendre que le boulot était terminé, la dernière scène était dans la boîte. De retour dans le bus, le recruteur nous a distribué à chacun un billet de 500 roupies, et 40 minutes plus tard nous étions rentrés à Colaba.
J'ai demandé au recruteur le titre du film, il m'a rétorqué que c'était confidentiel, mais que je pouvais lui envoyer un e-mail dans 1 mois pour lui demander. Je n'y manquerais pas, maintenant j'ai envie de comprendre le scénario et essayer de me voir déambuler aléatoirement dans le faux aéroport :)

J'ai pris mon billet pour Goa, finalement le bus était la seule option possible, tous les trains étant blindés jusqu'au jour de l'an. Je pars demain vers 14h, le voyage dure 16h, je croise les doigts pour avoir un siège correct :pUne nuit à Bollywood

5 commentaires:

  1. Mouiiii.... effectivement peu convaincants tes débuts dans le septième art... On a pas su reconnaître ton talent dans le rôle du pousseur de chariot ! Mais c'est une expérience de plus, même si ce n'est pas la révélation !

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  2. "marié" à une Allemande... c'était plutôt de la science-fiction ton tournage, non ? :)
    Bonne découverte de Goa, les plages y sont merveilleuses à ce qu'on m'a dit !
    (PS : tu prévois d'être dans quel coin vers mi-Mars ??? :)
    Bonnes fêtes.

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  3. La différence entre un figurant d'importation et un acteur autochtone, c'est que le premier ne comprend rien à ce qu'il fait presque gratuitement, alors que le second est grassement payé pour connaître ce qu'il est. Elémentaire, mon cher Julien ! Et la médiocrité des studios n'empêche pas le cinéma indien d'être le premier pourvoyeur de rêves du monde, si, si ... alors ?
    En attendant le paradisiaque séjour à Goa, continue à être un bon voyageur apatride : la grève du RER A (qui dure depuis une quinzaine de jours, hein !) ne semble pas avoir fait d'émule dans le sous-continent sub tropical.
    Joyeux Noël !
    Bisous tendres des
    GM-GP.

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  4. Salut Julien la star indienne!ou presque!
    l'exotisme des visages occidentaux est tellement alléchant n'est-ce pas? Encore un business fructueux pour les responsables de casting mais bon cela t'a donné l'occasion de rencontrer d'autres voyageurs et de jeter un oeil dans les coulisses de la grande machine Bollywoodienne.
    Bises.
    @+.

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  5. Bon, pas grand chose à ajouter pour mon fils star... Bisous de Noël...
    Mman

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