mercredi 19 mai 2010

Un dernier tour au paradis avant de rentrer

Une semaine après mon retour en France, je me décide enfin à reprendre le clavier pour conclure mon voyage. J'ai choisi, pour mes derniers jours à Bali, de passer une nuit sur l'île de Nusa Lembongan, et, avant de prendre l'avion, de visiter brièvement Kuta où se regroupent l'essentiel des touristes de Bali. Ce dernier endroit était vraiment sans intérêt : une plage immense sans charme et blindée de monde, et un front de mer composé de boutiques de souvenirs et d'hôtels avec piscines. Comme j'avais un peu de temps j'ai tout de même arpenté les rues de la ville de Kuta, mais là encore, sans découverte notable.

L'avant-veille, j'ai pris une petite embarcation avec une vingtaine de touristes et quelques locaux direction Nusa Lembongan, à partir de Sanur. Pas de ponton, nous avons embarqué à même la plage. Le voyage a duré une petite heure et demie, et ça bougeait pas mal dans la partie centrale, je me suis pris quelques vagues mémorables et rafraichissantes. L'île ne fait que quelques kilomètres de long, on peut facilement se rendre aux différents endroits à pieds en quelques dizaines de minutes. Dès le débarquement, je suis monté sur le scooter d'un gars qui me proposait une chambre clean et pas chère en bord de mer, au Nord de l'île. Plus on progresse vers le Nord, moins il y a d'hôtels et de touristes. J'étais donc super tranquille dans ma petite guest house, avec en face la mer transparente, à ma droite les volcans du Nord de Bali et à ma gauche la baie du Champignon.

L'exploration de l'île a commencé par un petit tour dans le village de pêcheurs situé à la pointe Nord de l'Ile. En fait de village c'est juste une rue qui longe la mer, il doit y avoir une centaine de petites baraques précaires. Des algues sont étalées pour séchage un peu partout, il semble que ce soit la principale ressource de l'île après le tourisme (bien que le nombre de touristes soit tout à fait raisonnable). Le soir j'ai d'ailleurs vu à marée basse des types en récolter dans des espèces de champs d'algues, à quelques centimètres sous la surface de l'eau. Inutile de préciser qu'il faisait super beau et très chaud. J'ai fini de brûler mes bras, déjà attaqués par la séance de scooter, en marchant au soleil sur les routes et le long des plages.

Mon périple m'a emmené jusqu'à la baie du Champignon, célèbre non pas pour ses champignons mais pour ses spots de surf et ses fonds propices au masque/tuba. Pour m'y rendre j'ai longé la mer pendant environ 30 minutes, dont 20 minutes de villages et 10 minutes d'hôtels et villas luxueux qui peuplent le Sud de l'île. J'ai abouti à une petite crique perdue avec une unique baraque à boissons où quelques indonésiens jouaient aux échecs. J'ai nagé une quinzaine de minutes pour arriver à l'endroit où, selon le Lonely Planet, les fonds étaient les plus impressionnants. On pouvait aussi payer un bateau quelques dizaines de milliers de rupiahs pour se faire emmener à l'endroit en question, mais l'option nage était plus fun et plus économique :) Encore une fois, les poissons étaient au rendez-vous, avec quelques énormes coraux aux formes impossibles. A quelques centaines de mètres des novices essayaient de dompter la vague pour débutants appelée "Playground". Je me suis ensuite posé pour bouquiner une heure ou deux avant de rentrer profiter du coucher de soleil de la terrasse de ma guest house.

Tôt le lendemain matin, je suis rentré à Sanur avant de me diriger vers Kuta, puis à l'aéroport le jour suivant. Le voyage retour s'est effectué sans encombres, sauf une escale imprévue (ou plutôt non précisée sur le billet) à Singapour où nous sommes sortis pour remonter dans le même avion 2 heures plus tard, mais avec plus de passagers. 6 ou 7 heures plus tard j'étais à Doha, au Qatar, et encore 7 heures plus tard atterrissage à Paris ! Le froid et la grisaille étaient bien sûr au rendez-vous, mais ça vous le savez :p Il reste que je n'ai pas pu faire le Nord de l'Inde, mais je me promets d'y retourner un jour où l'autre, ça me manque déjà !

vendredi 30 avril 2010

Plages cachées de Bali... A faire à pied, en vélo ou en scooter !

Bon ok ... Ya vraiment de supers plages à Bali, c'est pas une légende^^ J'en ai découvert quelques unes ces derniers jours, à partir de deux bases : Padangbai, à l'Est, et Sanur, au Sud. J'écris d'ailleurs ce message attablé face à la mer à Sanur, avec la lune presque pleine qui se reflète sur l'eau.

Padangbai est un petit village côtier, dans une zone où les touristes commencent à se raréfier. Il n'y a que 5 ou 6 hôtels alignés le long d'un port, avec 2 ou 3 bars et restaurants. Il m'a fallu d'un petit trajet de bus pour l'atteindre. L'endroit m'a plu tout de suite : calme, vert, avec une température moins lourde que dans les terres. Le lendemain de mon arrivée j'ai loué un vélo, au grand étonnement du tenancier de l'hôtel qui ne loue d'habitude que des scooters... Effectivement, c'est vraiment du sport de se promener en vélo dans le coin, ça monte et ça descend tout le temps le long de la côte, un peu comme en Martinique. Et entre 10h et 15-16h, la chaleur est vraiment intense. Mon objectif était une petite plage du nom de Pasir Putih, à une quinzaine de kilomètres de Padangbai. En chemin, j'ai fait un premier stop à Candidasa, sur une plage de sable noir absolument déserte. J'ai fait trempette dans une eau presque trop chaude pendant une demie-heure.

Quelques kilomètres plus loin, je me suis arrêté en haut d'une longue côte pour prendre un coca, et j'ai remarqué un petit chemin qui montait jusqu'à une crête donnant sur la mer. J'ai suivi le chemin à pied, au bout de 40 minutes épuisantes je suis arrivé à un temple habité uniquement par des singes. Le panorama était superbe : d'un côté, les rizières et les volcans, de l'autre, l'océan et les falaises. Une belle récompense après les kilos de flotte perdus dans
la bataille... Je suis redescendu pour reprendre le vélo, et après une petite halte déjeuner dans une mini bicoque (je me demande encore comment je n'ai pas été malade), je suis arrivé à la plage de Pasir Putih. Une grande étendue de sable blanc, quelques touristes et une eau turquoise. Le fond était tapissé de coraux entre les bancs de sables, et parcouru de poissons de toutes les couleurs. Je n'y connais rien en poissons, mais j'ai remarqué entre autres des poissons chirurgiens, des espèces de scalaires tout jaunes, des tout petits poissons bleus fluo style néons, et des poissons en forme de flute. A part moi il devait y avoir une dizaine de touristes sur la plage qui faisait bien 500 mètres de long. J'y suis resté deux ou trois heures avant de rentrer, éreinté par la nage et le vélo.

Le lendemain j'ai rejoint Sanur en minibus, à 2 heures de Padangbai. Cette ville proche de la capitale, Denpasar, n'a rien d'exceptionnelle en soi. C'est une longue plage de plusieurs kilomètres où s'alignent les hôtels et restaurants pseudo-chics ou pseudo-traditionnels, repaire de touristes Club-Med et de retraités australiens. On ne peut même pas s'y baigner convenablement, les 300 premiers mètres étant très peu profonds, envahis d'algues, de coraux et de rochers. J'ai donc décidé aujourd'hui de tenter le scooter pour aller plus loin au Sud, là où sont nichées des plages légendaires pour les surfeurs, dans la zone d'Ulu-Watu. La location coûte 4 euros à la journée, plus environ 1 euro d'essence. Autant dire que je ne me suis pas ruiné. C'était ma première fois en scooter, j'ai du faire semblant de m'y connaître pour pouvoir le louer :p Après tout c'est marqué Scooter sur mon permis B, et j'ai vu des gosses de 12 ans en faire, ça me paraissait dans mes cordes ! D'ailleurs tout s'est bien passé. J'ai vaqué de plage en plage, en passant vers le milieu de journée par le temple d'Ulu Watu, perché en haut d'une falaise dans un lieu très spectaculaire. Et envahi de singes encore une fois. Le Lonely Planet et les écriteaux à l'entrée prévenaient que les singes adoraient piquer les lunettes des gens. J'en ai eu la preuve lorsqu'un pauvre japonais s'est fait avoir juste devant moi, alors qu'il prenait en photo deux nanas de son groupe. Le singe a ruiné ses lunettes :/

Le tour de scooter m'a permis de visiter 3 merveilleuses plages assez différentes : la plage de Balangan, archétype de la plage paradisiaque au sable fin et blanc avec son lot de surfeurs, la plage d'Ulu Watu, nichée au creux d'une grotte, et la plage de Bindin, bordée d'une grande falaise sur un ou deux kilomètres. A Ulu Watu, un endroit un peu protégé des vagues permettait de plonger et observer la faune, j'y ai vu une toute petite murène blanche d'une trentaine de centimètres rentrer dans un creux pour ne laisser dépasser que son inquiétante trombine. Content de pas avoir croisé sa maman ^^ Après cette super journée, je recommande fortement le scooter pour explorer Bali et s'écarter des endroits trop faciles pris d'assaut par les touristes. D'ailleurs demain je prends le bateau pour découvrir un autre de ces endroits, la petite île de Nusa Lembongan, à 20 kilomètres au large de Sanur.

lundi 26 avril 2010

Lever de soleil sur les volcans et arrivée à Bali

Après Yogyakarta, un bus m'a conduit en une dizaine d'heures au Mont Bromo, à l'est de l'île de Java. La zone du Mont Bromo regroupe plusieurs volcans et s'explore généralement le matin, pour admirer le lever de soleil. Après un sommeil très court, vers 3h15 du matin le guide a frappé à ma porte pour me réveiller. Avec quelques autres touristes, nous sommes montés dans une jeep qui nous a conduit jusqu'au point de panorama, en face du Bromo (l'espèce de cratère fumant au milieu de la photo). Des dizaines d'autres jeeps nous accompagnaient, au final nous étions des centaines à guetter les premiers rayons. Le lever de soleil était superbe, et la vue sur les volcans s'est révélée incroyable, avec plusieurs cônes gigantesques s'élevant au milieu de l'immense plaine noire. Tout au fond du paysage, le Mont Penanjakan culminant à près de
2800 mètres. Au bout d'une heure de délectation visuelle, nous avons repris la jeep pour rejoindre le pied du Mont Bromo. De là, un petit chemin et quelques marches permettent d'accéder en une petite demie-heure au haut du cratère. A cause de l'épaisse fumée chargée de soufre, il est impossible d'en faire le tour, mais la plate-forme aménagée offre une superbe vue sur le centre du volcan. Vers 8h nous sommes redescendus à l'hôtel pour un (tout) petit-déjeuner, et re-belote, 12h de bus et un ferry pour arriver à Denpasar, la capitale peu intéressante de Bali. Avec 4 autres touristes motivés, nous avons poussé en taxi jusqu'à Ubud, à une demie-heure de Denpasar. Nous avons du réveiller les pauvres tenants des guest house pour trouver un logement, il était déjà 1h du matin...

Ubud est le cœur culturel de Bali. C'est une petite ville magnifique où les temples et bâtiments ornés de sculptures et de bas-reliefs sont partout. Beaucoup de rues sont pavées, et il y a des dizaines de galeries d'art et de restaurants qui valent le coup d'œil ne serait-ce que pour en admirer les intérieurs. Un exemple parmi tant d'autres, ma guest-house est composée d'une dizaine de maisons aux terrasses en marbre, avec piliers sculptés et plein de petits détails, allant de motifs colorés sur les façades aux volets en bois finement ouvragés. Le tout dans un petit jardin très vert, un peu mystique, traversé par des allées à moitié couvertes de mousse. Il y a même une toute petite piscine cachée dans un recoin :) Et la ville regorge de ces endroits. Aux alentours, paysage de palmiers et de rizières en terrasses. Je m'y suis promené hier et aujourd'hui, en m'arrêtant de temps à autres pour laisser passer les averses. Immanquablement, vers le milieu de l'après-midi, une bonne douche tropicale détrempe les rues et les champs. Cet après-midi, je me suis réfugié sous le auvent d'une minuscule galerie d'art un peu perdue au nord d'Ubud, et des paysans qui travaillaient dans le champ d'à côté m'ont rejoint quelques minutes plus tard. Malheureusement notre conversation s'est limitée à des échanges de sourires, moi ne parlant pas un mot de balinais et eux pas un mot d'anglais (à part "You speak Indonesian ?").

Vers le Sud d'Ubud, une petite jungle sombre et dense, appelée à juste titre Monkey Forest Sanctuary, se visite en une petite heure. On y trouve, hormis les centaines de singes, un ou deux temples de taille modeste, des statues disséminées par-ci par-là, un espèce de mini-cimetière et des arbres centenaires. L'un des temples est bordé d'une petite rivière, et la mousse recouvrant tout donne l'impression de découvrir un endroit abandonné depuis des siècles. En centre-ville, on trouve également plusieurs temples et le palais de la famille royale locale. L'influence Hindoue est partout, bien que fortement imprégnée de culture tribale. On retrouve d'ailleurs dans la plupart des temples des tours en étages dressées au dessus des portes ressemblant aux gopurams du sud de l'Inde. Par contre les statues ne représentent pas les divinités hindoues, mais plutôt des adaptations locales aux têtes joufflues et sympathiques. Niveau bouffe, ce n'est toujours pas le top, beaucoup de plats à base de riz et de poulet... Demain je laisse mes 4 compères pour m'installer sur une plage de l'est de Bali, a priori moins fréquentée. Je devrais enfin pouvoir goûter aux fameuses plages de rêve de Bali :)

jeudi 22 avril 2010

Ambiance excessivement accueillante à Java

Ça ne fait que 4 jours que je suis à Java, en Indonésie, et j'ai déjà l'impression d'avoir vu des milliards de choses. La capitale, Jakarta, n'a pourtant rien de remarquable, si ce n'est la bienveillance de ses habitants. Ça ressemble à une grande ville occidentale, avec des gratte-ciels, des rues propres, j'ai même vu un Carrefour ! Sauf qu'à bien y regarder on voit quelques habitations précaires en bambou cachées un peu partout et des égouts à ciel ouvert, pour rappeler quand même qu'on est dans un pays en développement. La circulation est intense, notamment les 2 roues qui sont légion. Il y a globalement moins de gens dans les rues qu'en Inde, personne ne harcèle les rares touristes, l'ambiance est beaucoup plus calme et pas hostile une seule seconde. Tous les 100 mètres quelqu'un te dit bonjour, y compris la police, certains demandent si tout va bien et si tu te plais en Indonésie. Une bonne surprise, je pensais que j'allais devoir lutter un minimum pour qu'on me fiche la paix, et ben même pas. Il fait très chaud et humide, bizarre de me dire qu'il y a une semaine je me battais contre les éléments à Hokkaido. Sinon, il n'y a pas grand chose à faire à Jakarta. Je me suis battu avec l'ambassade d'Inde pour finalement me voir refuser mon visa touristique :/ C'est dommage, j'étais parti pour faire le tour de l'Inde, je dois reporter ma visite du Nord-Est du pays à d'autres vacances. Après cet échec, j'ai pris le train pour Yogyakarta, au centre de l'ile de Java. Les 8 heures de train m'ont permis de découvrir le superbe paysage de rizières, de palmiers et de montagnes en fond. La culture du riz s'étend sur des centaines de kilomètres, et on voit des chapeaux "chinois" et des tuniques multicolores s'y affairer.

Enchantement en arrivant à Yogyakarta. Le quartier des touristes est composé de deux minuscules rues, piétonnes, très calmes et très vertes, avec options chant des oiseaux et cris des enfants qui jouent. En fait tout est vert à Java, en plus de la végétation dense environnante, les maisons et balcons sont décorés de plantes. J'ai commencé par le haut-lieu du shopping touristique de Yogya, à savoir, la rue Malioboro. Une rue toute droite bordée d'un côté de centres commerciaux, de l'autre de minuscules boutiques de souvenirs et de rickshaw qui proposent leur service. Au bout de la rue, le palais du sultan, le Kraton, construit au 18ème siècle. Le sultan actuel y réside encore. Je ne l'ai pas trouvé exceptionnel : l'architecture est assez basique et l'ensemble des objets exposés se concentre uniquement sur la vie du sultan. Les portraits du sultan. Les galons du sultan. Les petites cuillers du sultan. Il reste que l'enceinte du palais est agréable, une dizaine de bâtiments y est disséminée. Vers 10 heures j'ai eu droit à un mini concert de musique traditionnelle donné par quelques uns des 1000 employés du sultan. Je me suis ensuite dirigé vers le quartier bordant le palais, où se tient un marché aux oiseaux. Juste à côté, le Water Palace est un petit espace de détente créé par les Portugais au 18ème. Il s'agit de deux ou trois grand bassins bleu ciel entourés de murs blancs, avec des petites promenades autour. Des arches décorées d'esprits protecteurs permettent de passer de l'un à l'autre des bassins. J'ai accédé au palais via une toute petite entrée non-officielle, en me perdant dans les dédales du quartier alentour et je n'ai pas eu à payer le ticket (ça m'a rappelé Mythos au Péloponnèse, les intéressés comprendront :D).

A 1h de bus de Yogyakarta se trouve un gigantesque temple bouddhiste du 8ème siècle. Oublié pendant 1000 ans, il s'est retrouvé très endommagé par le temps et couvert de cendres volcaniques. Les Anglais ont procédé à un nettoyage du site au 19ème siècle, les Hollandais l'ont partiellement restauré au début du 20ème siècle, puis l'Indonésie a pris le relais grâce aux fonds de l'UNESCO dans les années 70. Ce temple à base carrée, appelé Borobudur, n'a pas d'intérieur. C'est une succession d'étages successifs qui s'enroulent autour d'une colline. Chaque étage est un grand couloir carré à ciel ouvert, richement décoré de centaines de buddhas, de démons, et de fresques décrivant comment passer du monde terrestre et vicieux tout en bas au paisible nirvana tout en haut (pour faire court). Arrivé au sommet, après avoir tourné une dizaine de fois autour du temple pour gravir les étages en suivant le parcours initiatique et bien tout explorer, on atteint des stupas creuses contenant chacune un gros buddha. Avec en fond la jungle et les montagnes, c'est un endroit magnifique. Par contre les jeunes touristes indonésiens sont des dizaines et veulent TOUS faire une photo MINIMUM avec un spécimen occidental. En l'occurrence moi. J'ai posé un nombre incalculable de fois, et si les Indiens ont parfois une certaine retenue, une certaine timidité, les Indonésiens pas du tout ! Ça m'a surtout surpris de la part des filles qui m'ont paru étonnamment libres et entreprenantes. Encore une fois, on ne ressent pas de pression religieuse ou traditionnelle dans ce pays pourtant très pratiquant (en tout cas sur l'île de Java). Les gens sont zen, c'est très appréciable.

Aujourd'hui j'ai fait une petite rando sur un flanc de l'imposant volcan Merapi, en éruption régulière et qui fume constamment. Seuls quelques chemins, relativement peu élevés et éloignés du nuage toxique sont ouverts. J'y suis allé avec une Indonésienne rencontrée dans le train, une avocate ayant déjà plusieurs amis occidentaux qu'elle accompagne régulièrement là bas. Enfin c'est ce qu'elle m'a dit. Elle m'a amené sur place en scooter et nous avons marché quelques centaines de mètres dans la forêt avant qu'elle perde son chemin. Heureusement un jeune ornithologue en quête de rapaces passait par là et nous a aidés à retrouver le sentier. Entre temps, notre amie a perdu les clés du scooter. Je suis retourné sur nos pas avec le type mais retrouver deux clés dans une forêt pleine de fougères et ultra pentue, c'est vraiment du sport. Au bout d'une heure ou deux on a décidé d'abandonner. Les gardes du coin nous ont redémarré l'engin en trifouillant les câbles, et nous avons rejoint un serrurier qui nous a refait les clés pour 2 euros. Du coup j'ai pas beaucoup marché sur ce volcan, enfin si, mais en repassant 3 fois au même endroit. On a quand même pu voir une impressionnante coulée de lave refroidie datant de 2006. Un pauvre type qui dans sa précipitation avait oublié de fermer la porte du bunker ou il s'était réfugié y a laissé sa peau.

Je continue demain vers l'Est de Java, pour rejoindre l'île de Bali après-demain. Sur le chemin un autre volcan, le mont Bromo, m'attend. Cette fois-ci j'irai avec un vrai guide, il y aura certainement moins d'imprévus mais au moins je pourrai profiter un peu plus de la nature :)

dimanche 18 avril 2010

Brèves retrouvailles à Séoul

Me voilà reparti vers une nouvelle destination ! Je profite de mon voyage Séoul/Jakarta pour poster un petit message. J'ai passé pas mal de temps dans les transports ces derniers jours. Au Japon, j'ai tenté de faire un petit tour à Hokkaido. L'île, peu touristique, présente quelques parcs naturels volcaniques réputés magnifiques. J'ai donc fait les 4h de train nécessaires pour faire le trajet Sendai/Hakodate, en empruntant notamment un tunnel sous-marin de 50km. La ville d'Hakodate est bord de mer. C'était un port important et particulièrement ouvert sur l'extérieur au 19ème siècle. Du coup on y trouve des bâtiments de diverses influences, églises orthodoxes, catholiques, des temples, des entrepôts en briques rouges et des cimetières d'étrangers. Une petite montagne surplombe la ville, et des petites rues pavées permettent d'explorer cet ensemble étrangement harmonieux. Malheureusement, il faisait un temps vraiment pourri lorsque je suis sorti du train (le lonely planet prévenait qu'Hokkaido au printemps c'était plutôt risqué, mais j'ai quand même tenté... et j'ai perdu). Vents froids, nuages très bas (on ne voyait pas la fameuse petite montagne), pluie glaciale ininterrompue. Je suis arrivé vers midi et on avait l'impression que la nuit tombait. Bref, je devais rester une nuit à Hakodate avant de progresser plus au Nord d'Hokkaido, mais j'ai rebroussé chemin et suis rentré à Sendai le soir même. Dommage, je pense qu'effectivement l'endroit a un grand potentiel ! Ce sera l'occasion d'y retourner :)

Un dernier restaurant avec le cousin et deux de ses élèves, qui nous ont fait déguster toute une gamme d'excellents sake, et je suis reparti à Tokyo. J'avais réservé 3 semaines plus tôt une nuit dans la guest house où j'avais commencé mon périple japonais, à Asakusa, ainsi qu'un billet pour le Ghibli Museum. Ghibli, pour les non-initiés, est le studio qui produit les dessins animés du vénéré Miyazaki (le Walt Disney japonais en quelques sortes). Le musée est tout petit et très fréquenté, il faut donc réserver son billet plusieurs semaines à l'avance. Dans le musée, les ateliers de travail du maître et de ses assistants ont été reconstitués. On peut y voir des étagères pleines de livres d'inspiration, des planches originales de l'auteur, et quelques appareils permettant de faire défiler des dessins très rapidement pour créer l'animation. Le bâtiment est rigolo, une espèce de manoir avec un grand hall central desservant sur plusieurs étages des petites salles latérales où se situent les expositions. Je suis resté sur ma faim, on en fait très vite le tour, et on peut même pas aller jouer dans le Chat-Bus avec les ptits !! Le ticket permet tout de même de visionner une petite séquence d'un quart d'heure dans un mini-cinéma.

Le lendemain j'ai repris l'avion direction Séoul, où j'ai passé deux nuits avant de repartir vers l'Indonésie. Les deux cousines visitaient leur frangine cette semaine, ça m'a permis d'en voir trois pour le prix d'une ! C'était très bizarre de se retrouver tous aussi loin de la France, mais super sympa :) On a pas mal bougé entre vendredi et samedi. Le premier après-midi, sur les conseils de Mag, visite d'un espèce de parc à thèmes pour enfants en bas-âge, dans une banlieue de Séoul quasiment déserte. Bon c'était un peu nul il faut bien le dire, à part la location des tandems qui nous a valu quelques courses mémorables. Le lendemain on s'est promené dans les marchés de Séoul, entre les pieds de porc et les sacs de luxe contrefaits. Les deux soirs, deux restaus bien typiques et, comme toujours dans ma courte expérience coréenne, succulents. Nous avons fait un petit tour de nuit à la Séoul Tower, où j'étais déjà allé en mars, pour admirer les lumières de la ville. M'étant encore levé bien tôt ce matin, je vais arriver KO à Jakarta. Tant pis, je pense avoir tout le temps de me détendre et me reposer sous les palmiers de Bali.

lundi 12 avril 2010

La vie à Sendai

Joyeuses retrouvailles avec mon cousin après une journée de train pour atteindre Sendai, au Nord de Honshu (l'île principale du Japon). C'est une ville de plus d'un million d'habitants, proche de la mer et de la montagne. On peut ainsi apercevoir les monts enneigés d'une des fenêtres de l'appartement de Damien. Dès le premier soir il m'a emmené dans un minuscule restaurant de brochettes (fromage, poulet, poisson, tomates...) à l'ambiance très chaleureuse. Quelques piliers qui trainent là tous les soirs, aux allures d'hommes d'affaires, nous ont un peu tenu la jambe mais toujours dans la bonne humeur :) La ville est truffée de ces petits restaus et bars qui peuvent contenir une dizaine de personnes à tout casser.

Sendai ne présente pas beaucoup de sites touristiques. J'ai tout de même fait un tour à vélo au parc où se situait le château de Sendai. Il y subsiste quelques murs, et des statues ont été disposées pour agrémenter la balade. Mais surtout, il y a une super vue sur Sendai, paysage d'immeubles modernes avec la mer en fond. Le lendemain je suis allé visiter un village côtier, à quelques dizaines de minutes de train, appelé Matsushima. On y trouve une multitude de petites îles sauvages, avec des statues de buddha et des mini-temples cachés par ci par là. Il n'y avait qu'un ou deux autres touristes, j'ai pu flâner tranquille pendant quelques heures. Vers 14h j'ai déchanté lorsque j'ai commandé ce que je pensais être des espèces de pâtes carbo, en fait c'étaient des nouilles froides, presque glacées, appelées Soba. C'était... spécial :/

Sur les conseils de mon cousin, je suis allé le lendemain à Naruko-Onsen, un village au cœur des montagnes réputé pour ses bains chauds dans une eau chargée en soufre. Effectivement toute la vallée sent fortement le soufre ! Avant la baignade j'ai tenté un petit chemin longeant une rivière, mais j'ai fait demi-tour quand j'ai vu que le sentier était couvert de neige et de branches, impraticable. J'ai préféré me rendre à quelques kilomètres du village, contempler un lac logé entre trois petits volcans. D'un bleu turquoise très vif, il affiche l'une des acidités les plus fortes au monde. Rien n'y vit, à part quelques canards. En faisant le tour du lac j'ai pu voir quelques fumerolles entourées de dépôts de soufre, impressionnant. Sur le retour j'ai donc fait trempette dans un onsen tout en bois, où l'eau laiteuse arrive par des conduites en pins. Il était minuscule mais vraiment charmant. Seul inconvénient, ma peau sentait fortement le soufre en sortant de l'établissement... Dans la rue la plupart des gens se baladaient en kimono et portaient des sandales traditionnelles en bois, pour aller d'un onsen à l'autre.

Le lendemain mon cousin m'a accompagné visiter le temple de Yamadera, à flanc de montagne à une petite heure de Sendai. Quelques centaines de marches permettent de se promener à travers la dizaine de bâtiments. Le temple en lui-même n'a rien d'exceptionnel, mais la vue au fur et à mesure de l'ascension est magnifique. On s'est pris une petite glace au thé en redescendant et retour à Sendai pour une soirée Karaoke avec ses collègues :) Il suffit de louer une toute petite pièce pour 3 ou 4 heures, de mettre les titres que l'on veut chanter les uns à la suite des autres grâce à un petit écran/télécommande, et c'est parti :) La bouffe et les boissons ne sont pas chères, le répertoire est vraiment énorme (plusieurs milliers de titres de tous styles), c'est bien marrant ^^ Ya deux micros, on a moins honte de chanter comme deux casseroles :D Ce matin, temps pourri, j'ai décidé de reporter mon voyage sur Hokkaido à demain !

mardi 6 avril 2010

La région volcanique et reposante de Kyushu

Voila trois jours que je parcours Kyushu. Cette région, très volcanique, est superbe et peu fréquentée des touristes. Alors que de Tokyo à Hakata, la ville est pratiquement ininterrompue, à Kyushu le paysage est constitué de volcans, de champs, de serres, de maisons isolées... bref c'est la campagne ! Kagoshima, la ville où j'ai établi mon QG pour explorer Kyushu, se situe juste en face d'un volcan qui sort de la mer, formant une île appelée Sakurajima. Je m'y suis rendu la première après-midi, en prenant un ferry qui fait régulièrement les 10 minutes de traversée. Le volcan en question est actif, on peut admirer d'énormes panaches s'échapper du cône régulièrement, dans un fracas hallucinant. La dernière éruption majeure remonte à 1914. Il y a tout de même plusieurs centaines de mini-éruptions par an, pas dangereuses mais couvrant l'île de poussière. Un petit centre d'informations gratuit explique tout ça près du port. Juste à côté, une source d'eau chaude (onsen) publique permet de se tremper les pieds en regardant le volcan. Les Japonais sont fan des onsen, on en trouve dans tout le Japon. Il y a toute une classification, selon l'environnement du bain (intérieur, extérieur, caché en pleine nature, en bord de mer...), la composition de l'eau, etc... Certains sont très chers car très prisés.

Le lendemain, j'ai justement testé un onsen d'un genre un peu particulier. Avant de profiter de la source d'eau chaude, le client passe par un bain de sable volcanique. Vêtu d'un simple kimono très fin appelé yukata, il faut s'allonger sur la plage, sur le dos, à l'endroit désigné. Deux types arrivent avec leur grosse pelle et te recouvrent de sable noir en 5 secondes (sauf le visage évidemment). Puis il faut rester sans bouger pendant 10-15 minutes en profitant de la sensation. Avec la pression du sable et la chaleur venant du dessous, le cœur pompe plus fort et le sang circule mieux, on le sent se diffuser dans tout le corps. Il fait super chaud, le sable est doux, c'est très agréable. Au bout d'un moment, quand le sable commence à brûler la peau, on ressort pour aller se laver et passer dans l'onsen à proprement parler. Plus tôt dans la journée, j'avais erré dans un petit bled tout au Sud de Kyushu, à la recherche d'un moyen d'explorer le Mont Kaimon, un autre volcan. Ne trouvant pas de sentier, je me suis perdu un peu au hasard dans la campagne. Une prof d'anglais et sa grand mère m'ont pris en stop alors que je retournais vers la station de train, super sympas. D'ailleurs dans ce coin de Japon,les gens sont particulièrement aimables, souriants, pas avares de bonjours. Un autre type a fait un détour de 15 kilomètres en voiture pour me ramener à bon port, alors que je redescendais à pied d'un lac dans un grand caldera, supposé abriter un monstre du lochness local, avec en fond le fameux Mont Kaimon.

En manque de château, je me suis rendu à Kumamoto, à peu près au centre de la région. Toujours de la même époque, début 17ème siècle, le château possède encore quelques unes de ses tourelles d'origine, même si son donjon principal a été reconstruit récemment. Une mini-exposition retrace l'histoire du château aux premier et deuxieme étages. On y retrouve encore une fois la farouche lutte de pouvoir entre seigneurs et empereurs. Le château est entouré de magnifiques douves et de murailles très imposantes. La saison des cerisiers bat son plein, des pétales blanches et roses volent dans tous les sens, c'est un vrai bonheur de se promener dans les allées du parc ! Et comme il fait beau et chaud depuis 2 ou 3 jours, nombre de Japonais s'installent ici et là pour pic-niquer. Je suis reparti vers l'Est du Kyushu après cette visite, pour me rendre à Aso en empruntant un train qui contourne le Mont Aso. C'est un cratère gigantesque de 130 km de circonférence, où sont logés quelques volcans dont un en activité. J'aurais aimé faire un peu de randonnée dans le coin, mais ce sera pour une prochaine fois. J'ai préféré refaire une petite séance de baignade dans un autre onsen, comprenant un bassin extérieur dans un petit jardin. Le pied. Surtout que j'étais quasiment seul, contrairement à celui d'Ibusuki, où les gens faisaient la queue pour se faire enterrer. J'ai repris le train pour rentrer à Kagoshima, où un succulent diner maison m'attendait comme tous les soirs. La famille tenant cette petite guest house a la bonne idée de proposer aux hôtes de partager le repas du soir, pour la modique somme de 260 yens (environ 2€). Du coup on a le droit à l'ambiance et la cuisine locale pour presque rien :)

Me voilà reparti vers le Nord du pays, où je vais retrouver mon cher cousin. Je fais le voyage en deux fois, m'arrêtant cet après-midi à Matsumoto pour voir un autre château, et demain, à Takayama, petite ville de montagne réputée, paraît-il, pour avoir su conserver son charme d'antan.

vendredi 2 avril 2010

Les châteaux du Kansai, Hiroshima et l'île de Miyajima

Après les temples, j'ai attaqué les châteaux ! Le plus célèbre d'entre eux au Japon, le château d'Himeji, faisait partie de mon programme. Construit à la fin du 16ème siècle, il est appelé le château du Héron Blanc de par sa couleur. Particulièrement imposant, il domine la ville d'Himeji du haut de sa tour de 5 étages. Ses multiples toits semblent comme enchevêtrés, donnant à l'ensemble un aspect très travaillé, très minutieux. On y trouve d'épais murs de fortification, troués de sympathiques meurtrières et autres trous à huile bouillante. Les étages inférieurs de la tour sont réservés au stockage de la nourriture et des armes en cas de siège. Tandis que les supérieurs permettent de guetter les alentours et de taquiner les assaillants, au besoin. Quelques autres bâtiments se trouvent dans l'enceinte du château, dont les quartiers de l'épouse du daimyo (seigneur) et de ses suivantes. Ce fameux ensemble est malheureusement victime de son succès. Comme à Eurodisney, il faut faire la queue au moins 30 minutes pour acheter son ticket et accéder à l'attraction. Et même alors, on se retrouve dans une seconde queue où l'on a l'impression de ne jamais avancer, ou trop avancer, bref, on ne peut pas visiter à son rythme. Un peu dommage.

D'autant plus que le matin, j'avais visité un premier château, plus modeste certes, mais dont j'étais quasiment l'unique visiteur. Celui-ci, situé à Hikone, un peu au Nord de Kyoto, ne possède peut-être que 3 étages, mais il est splendide et domine un magnifique jardin japonais dessiné autour d'un étang. L'étang et les mini-îles qui y ont été disposées représentent le vrai lac qui borde la ville d'Hikone. Ce complexe date du 17ème siècle. La visite était franchement plus agréable que celle d'Himeji. Pour être complet, j'ai vu aussi le château d'Okayama, dit château du Corbeau. Il date lui aussi du début du 17ème, et possède une architecture similaire aux deux autres. Malheureusement la version qu'on peut visiter aujourd'hui est une réplique en béton du vrai château rasé pendant la seconde guerre mondiale... Et ça se sent lorsqu'on en visite l'intérieur, plus impersonnel, moins authentique que les deux autres. Il n'empêche que l'extérieur est magnifique, donnant sur un célèbre jardin situé de l'autre côté de la rivière Asahi qui longe le château. En outre il a comme point commun avec Himeji d'avoir été construit sous l'impulsion de Todoyomi Hideyoshi, l'homme qui a réunifié les seigneurs du Japon à la fin du 16ème siècle.

En fin de journée, je suis passé à Osaka où se trouve l'un des plus grands aquariums au monde, le Kaiyukan. Il est logé dans un bâtiment de 7 étages, au milieu d'un complexe commercial bordant la baie d'Osaka. La visite commence par en haut, et l'on descend petit à petit le long d'un plan très légèrement incliné qui tourne autour d'un aquarium gigantesque. Cet aquarium renferme des milliers de poissons qui doivent vraiment se croire dans l'océan, dont des raies mantas géantes et, stars de Kaiyukan, deux requins-baleines ! On ne se lasse pas de les regarder se balader dans le bassin, suivis de centaines d'autres petits poissons. Côté extérieur du plan incliné, différents écosystèmes ont été reconstitués. On passe ainsi de la forêt japonaise au pôle nord, en passant par la Grande Barrière de Corail. Chaque ambiance possède une partie supérieure émergée, avec des animaux terrestres ou amphibiens, et une partie inférieure aquatique que l'on observe au travers de vitres. Dans l'ambiance pôle Nord par exemple, on peut admirer une bande de manchots empereurs somnolant sur la fausse banquise ou jouant dans l'eau glacée.

Hier, changement d'ambiance avec l'arrivée à Hiroshima. Au passage il s'est remis à pleuvoir, un temps parfait pour me rendre au mémorial de la paix. La c'était vraiment moins rigolo que l'aquarium, mais pour autant une visite inoubliable. Au début le musée commence gentiment, en présentant les aspects politiques du conflit, l'Hiroshima avant la bombe, les différentes guerres entreprises par le Japon fin 19ème/début 20ème. Plutôt abstrait jusqu'ici. Puis une maquette géante montre la ville avant et après le 6 août 1945 : un vaste champ de ruines avec deux ou trois ossatures de bâtiments qui ont résisté on ne sait comment. A l'étage supérieur, ça devient carrément angoissant. L'exposition raconte la vie et la mort brutale d'enfants et d'adultes qui ont succombé lors de l'explosion ou quelques jours après. Ces gens avaient un nom, on peut voir leurs vêtements en lambeaux, leurs objets personnels calcinés, des photos de leurs corps et de leurs visages mutilés. J'ai trouvé cette façon de narrer la catastrophe en racontant des expériences individuelles particulièrement efficace... En sortant je regardais les passagers du tram différemment, me disant qu'ils avaient certainement perdu de la famille ce jour-là, ou dans les mois qui ont suivi, succombant aux radiations. J'ai aussi apprécié l'objectivité des explications, ne prenant jamais partie pour le Japon. On y découvre d'ailleurs un Japon peu sympathique, très belliqueux et, pendant l'effort de guerre, inhumain envers sa propre population, notamment les travailleurs immigrés Chinois et Coréens.

Ambiance un peu plus légère aujourd'hui avec une randonnée sur l'île de Miyajima, à une demie-heure de ferry d'Hiroshima. Comme par magie il a fait super beau :) L'île est une petite montagne, il faut 1 heure pour se rendre au sommet. Beaucoup de touristes vont sur Miyajima pour admirer son célèbre torii (portique vermillon Shinto, comme ceux de Fushimi-Inari) planté dans la mer, à quelques centaines de mètres de la côte. Juste en face se trouve un temple sur pilotis, où se déroulait manifestement une cérémonie de mariage lorsque j'y suis passé. La balade dans la montagne était super peace, même si les marches sont asses rudes. Les candidats à l'ascension sont peu nombreux. Des petits cervidés se baladent par-ci par-là en espérant qu'on leur donne un peu de bouffe. Arrivé en haut du Mont Mizen, une petite tour d'observation permet d'admirer un paysage digne de l'île de Finn Razel. En redescendant par un autre versant, on peut visiter un très beau temple bouddhiste appelé Daisho-In.

Comme il me restait un peu de temps avant mon train vers Hakama, je suis repassé dans le parc du Mémorial. Juste en face du "Dôme de la Bombe Atomique", bâtiment témoin protégé – un des seuls ayant vaguement résisté à la bombe - j'ai discuté pendant une petite demie-heure avec un apprenti kamikaze de l'armée japonaise, 82 ans, qui était dans sa base à quelques kilomètres de là au moment fatal. Il parlait quelques mots d'Anglais qui lui ont suffit pour me raconter sa vie et me poser quelques questions sur mon voyage. Peu après j'ai fait quelques pas dans les jardins du château d'Hiroshima pour rentrer à la guest house récupérer mon sac. Encore une journée bien remplie, demain je continue mon trajet vers la pointe Sud du Japon, la région de Kyushu.

mardi 30 mars 2010

Kyoto et Nara : des temples, en veux-tu ? En voilà.

Kyoto regorge littéralement de temples (dans les 2000), tous plus grandioses les uns que les autres, mais pas seulement. On y trouve aussi des châteaux, des parcs et une multitude de petits quartiers très calmes, intimes, bordés d'antiques demeures flanquées de leur minutieux jardins japonais. C'est un peu l'antithèse de Tokyo, ici point d'agitation ni de buildings démesurés. Un point commun tout de même, les sites les plus réputés sont pris d'assaut par les touristes qui veulent tous leur photo souvenir sous le cerisier en fleurs, en cette période d'hanami. Kyoto était la capitale impériale du Japon du 9ème au 19ème siècle.


En arrivant vers midi, j'ai rapidement déposé mon sac à ma nouvelle guest house avant partir explorer Kyoto. J'ai commencé par la zone Est, délimitée par une petite rivière d'un côté, et par la montagne de l'autre. D'ailleurs des montagnes basses cernent la ville de tous les côtés. Ce quartier, appelé Higashiyama, est certainement le spot le plus visité de Kyoto. Pour y accéder à partir de la gare centrale, je suis passé à côté du temple Higashi Hongan-Ji. Il s'agit d'un temple bouddhiste. Ce temple a été établi en 1607 par le Shogun Ieyasu, réunificateur du Japon au début de l'ère Edo. Il est gigantesque, tout en bois, très imposant. Ça posait le décor.

Arrivé dans le quartier d'Higashiyama, je me suis dirigé vers le Kiyomizu-Dera, un autre temple bouddhiste beaucoup plus vieux, construit en 798. Il est divisé en plusieurs bâtiments dont une belle pagode à 3 étages, et possède un petit jardin avec une fontaine aux propriétés thérapeutiques supposées. Des dizaines de personnes faisaient la queue pour boire de son eau. Un peu plus loin, je suis passé par un réseau de petites rues commerçantes entièrement pavées, blindées de boutiques de souvenirs mais néanmoins charmantes. En les traversant, on se retrouve dans un parc avec un vénérable et vénéré cerisier. Il commençait à pleuvoir, ce qui n'empêchait pas quelques groupes de jeunes irréductibles de boire leur sake sous les arbres, et sous les parapluies.

De temples en temples, j'ai abouti à Gi-on à la tombée de la nuit. C'est le quartier des geishas, il en resterait une centaine à Tokyo sur un millier dans tous le Japon. Gi-on est traversé par une petite rivière dans laquelle se penchent saules et cerisiers savamment éclairés, c'est vraiment magnifique. Je n'ai pas aperçu de geisha, mais pour me consoler j'ai mangé une espèce de crêpe japonaise salée aux côtés d'une geisha en plastique.

Le lendemain j'ai attaqué la partie Nord-Ouest de Kyoto, comprenant notamment le célèbre Kinkaku-Ji, ou Golden Pavilion. Cette pagode de 3 étages dont deux sont recouverts de feuilles d'or borde un petit étang au milieu d'un parc verdoyant. Il date de 1397 et servait de lieu de retraite au Shogun Yoshimistu (les shoguns, ce sont les grands généraux militaires qui ont dirigé le Japon pendant sa période féodale, du 12ème au 19ème siècle. Il y avait à cette époque – et il y a encore - un empereur, mais sans réel pouvoir). Les zones environnantes sont largement fournis en temples et en jardins, mais j'ai la flemme de tous les décrire. J'avais loué un vélo pour cette journée. Cela m'a permis de voir nombre de ces sites emblématiques, mais surtout de sortir des sentiers battus pour m'aventurer un peu au hasard et découvrir plein de petits lieux magiques et désertés. J'ai fini ma journée par une visite du château de Nijo et des jardins impériaux. C'est là que la troisième tempête de neige de la journée s'est abattue et m'a convaincu de rentrer au chaud.


Aujourd'hui, j'ai visité Nara. Pour faire court, c'est aussi une ancienne capitale du Japon, au 8ème siècle. On y trouve – aussi – une zone de temples, mais ceux-là ont le bon goût d'être presque tous regroupés dans un jardin, tout de même assez étendu. Parmi eux, le Todai-ji est particulièrement impressionnant. Il s'agit du plus grand bâtiment en bois du monde, abritant un buddha en bronze de 15 mètres de haut (une oreille = 2,54m). 2,6 millions de personnes (oui, c'est beaucoup) auraient œuvré à la construction du temple et de son buddha, sous l'impulsion de l'empereur Shomu en 743. Le projet aurait même menacé sérieusement les réserves financières du Japon. L'empereur espérait par cet effort mettre fin à une grande épidémie de variole.

Avant de me rendre à Nara, j'ai fait une halte de deux heures au sanctuaire Shinto de Fushimi-Inari. A l'origine, Inari est la déesse des céréales (abondance, fertilité...). Elle est symbolisée par un renard à l'air méchant qui trône en statue un peu partout dans le sanctuaire. Fushimi-Inari est installé sur le flanc d'une montagne juste à côté de Kyoto. Il consiste en plusieurs petits sanctuaires disséminés dans la montagne et reliés entre eux par un chemin de portiques orange et noirs, porteurs de prières écrites en caractères japonais. Il y en des milliers, le chemin fait 4 km. Ça m'a fait penser au chemin de briques jaunes du Magicien d'Oz, même si ça n'a rien à voir. C'est une randonnée exceptionnelle, étrange, mystique et très nature à la fois, le chemin passant au milieu de la forêt. Il faisait super beau pour une fois, et la neige de la veille gouttait des arbres en une fine pluie. J'étais à peu près seul en haut du chemin, m'étant rendu très tôt sur les lieux, ça m'a permis de profiter entièrement du lieu.


C'est difficile de résumer Kyoto et Nara, étant donné la richesse de ce qu'on y trouve. En tout cas c'est un changement radical de décor après Tokyo, j'ai comme l'impression que mes surprises au Japon ne sont pas terminées.

dimanche 28 mars 2010

A bord du Shinkansen Tokyo - Kyoto

Me voilà en route pour le Kansai, dans le fameux Shinkansen :) Pour être bien placé et tenter d'apercevoir le Mont Fuji, je suis en train de perdre un poumon dans le wagon fumeur. C'est là que les seules places fenêtre droite étaient disponibles. Des gens arrêtent pas de venir s'asseoir à côté de moi le temps de s'en griller une et repartent tranquilles dans leur wagon non-fumeur... La prochaine fois je réserve !! Et j'ai l'impression qu'en plus les nuages cachent le sommet des montagnes :/

En une semaine je pense avoir effectué une première visite assez large de Tokyo, en terminant hier par les quartiers d'Odaiba et de Roppongi. Avant d'aller à Odaiba, vendredi, j'ai passé quelques heures au Musée National de Tokyo, qui cette fois-ci était bien ouvert ^^ Plus classique que le musée d'Edo-Tokyo, il est composé de plusieurs grands bâtiments (galerie Japon, galerie Asie, galerie archéologique...). La galerie Japon présente chronologiquement l'histoire du Japon, de l'installation des premiers habitants vers -30 000 à la fin de l'ère Edo (1868). Avec notamment une collection d'armures de samurais et d'épées du 12ème au 19ème siècle, certaines dans leur fourreau laqué. Vers 13h j'ai fait une petite sieste réparatrice dans les excellents fauteuils en cuir de la galerie archéologique, ils pensent à tout ces Japonais - ouf, je viens de profiter de la descente de voyageurs au premier arrêt pour changer de wagon, et squatter une place fenêtre non-fumeur :)


Après le musée, j'ai repris le métro direction Odaiba, une île de la baie de Tokyo couverte d'une zone commerciale et des sièges de quelques grandes entreprises. Une mini-statue de la liberté y a été installée. Dans les centres commerciaux d'Odaiba, il n'y a pas que des magasins, loin s'en faut. Entre autres s'y trouvent plusieurs parcs d'attractions. Parmi eux, le "Muscle Park" propose des activités physiques pour les enfants et ados. Par exemple du frisbee avec des cibles, des jeux musicaux où il faut répéter une mélodie de plus en plus compliquée etc... Un peu plus loin dans la galerie se trouve un parc géant de jeux vidéos SEGA, le Tokyo Joypolis. Une autre zone de l'île propose un centre commercial où le décor est censé représenter une ville italienne, on y trouve des fontaines, des faux bâtiments à colonnes romaines, et un faux ciel est peint au plafond ! Bizarrement les noms des « rues » sont en français... Un second musée Toyota y est logé, avec cette fois-ci des voitures anciennes et prestigieuses de toutes marques, des Chevrolet, des Cadillac, une dodoche et même une Delorean :) Bref, à Odaiba tout est fait pour que le chaland puisse se sentir à l'aise et s'amuser tout en faisant son shopping.

Hier, dernier jour à Tokyo, j'ai choisi de visiter les quartiers d'Akasaka et de Roppongi. Un temple du 17ème siècle, le Zojoji, daté de 1605, est installé au milieu d'un somptueux jardin. On y trouve, hormis les cerisiers en fleurs, des statues, des arbres centenaires et une énorme cloche. Juste derrière le principal bâtiment du temple se dresse la Tokyo Tower, moche copie de la Tour Eiffel mais la dépassant de quelques mètres - je viens de faire une croix sur le Fujiyama, le ciel est décidément trop nuageux... Roppongi est un quartier réputé pour sa vie nocturne (bars, restaurants et boites de nuit). On y trouve aussi deux centres commerciaux géants, pour changer, appelés Tokyo Midtown et Roppongi Hills. Ce dernier fait également office de centre culturel, il abrite quelques musées et des évènements, comme la Roppongi Night qui avait lieu à l'instant où je suis passé (j'ai pas bien compris le thème mais un énorme ballon en forme de robot cyclope flottait au pied des tours, avec de la J-pop en fond musical).


Me voilà donc parti pour explorer le Sud du Japon, en commençant par Kyoto, sa capitale culturelle incontestée. J'y ai réservé 4 nuits. Ceci devrait me permettre de passer deux jours à Kyoto et deux jours aux alentours, à portée de train – Nara, Osaka et le Mont Koya.

jeudi 25 mars 2010

Malgré la pluie, la découverte de Tokyo continue

Il fait depuis deux jours un temps vraiment pourri sur Tokyo. Froid, petite pluie fine, vicelarde et ininterrompue sur fond de nuages bas et gris. Un temps ingrat mais néanmoins propice à la visite de musées, d'expositions et de marchés. Ce à quoi j'ai employé mes deux derniers jours.

Mercredi, je suis parti vers 10h de la guest house direction le musée d'Edo-Tokyo. Dans mon dortoir, la quasi totalité des occupants étaient encore sous la couette lorsque je suis parti, découragés par la grisaille. Le musée est constitué de deux parties : la période dite d'Edo (17ème jusqu'au milieu du 19ème), ancien nom de Tokyo alors que Kyoto était la capitale du Japon, et la période de 1868 (date de la restauration de l'empire sous la dynastie Meiji) à nos jours. Des maquettes du château d'Edo, des explications détaillées sur la vie des guerriers, des marchands, des nobles et des petites gens, des costumes d'époque, des manuscrits et livres imprimés s'étalent le long d'un parcours très agréable. Le musée en lui-même est une immense halle de 6 étages, dont 2 dédiés à l'exposition permanente. Dans la partie sur le Tokyo moderne, on comprend comment le Japon, jusque là très isolé, s'est ouvert sous l'empereur Meiji au reste du monde. Une section est par ailleurs consacrée aux tremblements de terre, une autre à la guerre de 39-45 et aux bombardements qui ont détruit Tokyo en grande partie. En sortant j'ai fait un tour rapide au musée du Sumo, qui est en fait une toute petite galerie exposant les costumes colorés de plusieurs générations d'arbitres, les Gyoji, armés de leur espèce de poêle à pizza (le gunbai). Une télé diffuse des combats en expliquant les différentes techniques.

Aujourd'hui, je me suis levé aux aurores pour me rendre au marché aux poissons de Tsukiji, tout simplement le plus grand du monde de ce genre. Après avoir traversé une zone de chargement des camions, on arrive au marché où les grossistes refourguent le poisson acheté aux enchères un peu plus tôt aux détaillants. Il y a environ 700 stands, traversés de petites allées où n'arrêtent pas de passer les ouvriers, à pied ou en petit engin de transport de marchandises. Il faut donc faire bien attention à ne pas gêner les travailleurs, et à ne pas se faire écraser. L'agitation est grande, entre ceux qui découpent le poisson, le stockent dans des caisses en polystyrène, empilent les caisses, transportent les caisses, vont des congélos aux étals où courent dans les allées on ne sait trop pourquoi. Au fond de chaque stand se dresse un petit
comptoir tenu le plus souvent par une femme. Les hommes manoeuvrent et les femmes comptent. Je crois avoir vu toutes les sortes de poissons, de crustacés, et de mollusques que je connaissais, et plein d'autres que je ne connaissais pas. Par ailleurs je sais maintenant où est passé le thon rouge qui commencerait à manquer dans nos océans : sur les étals du marché de Tsukiji, par dizaines, centaines, milliers de kilos. Ça débite du thon rouge à tour de bras. Un peu avant mon arrivée (vers 7h), la vente aux enchères venait de se terminer. Il paraît que le spectacle vaut le détour, mais bon je me voyais pas trop me lever à 4h.


En ressortant j'ai marché dans le quartier de Ginza - toujours dans la grisaille et la pluie je le rappelle - afin d'admirer l'emblématique théâtre de Kabukiza, coincé entre les immeubles modernes et chics et les gratte-ciels d'affaires. Le théâtre, brûlé, détruit par les tremblements de terre, puis par les bombardements, reconstruit enfin en 1951, est promis à la destruction dans une ou deux semaines pour être remplacé à l'horizon 2013 par une salle plus moderne, au grand dam des défenseurs du splendide bâtiment... J'aurais pu m'arrêter déjeuner au restaurant Astérix, pour le trip, mais il était encore un peu tôt ^^

A la place, j'ai fait une petite pause ce midi à la guest-house, le temps de réserver mon hôtel à Kyoto, et cet après-midi j'ai flâné dans les magasins d'Ikebukuro, haut-lieu du shopping à Tokyo. L'un des centres commerciaux est logé dans une tour de 60 étages et porte le doux nom de Sunshine City. On y trouve, entre autres, un aquarium, un planétarium, et deux étages de restaurants dans des ambiances à thème (sponsorisés par le géant du jeu vidéo NAMCO). Le salon auto de Toyota se trouve juste à côté, on peut y admirer les derniers modèles et faire une petite partie de Gran Turismo dans des fauteuils qui bougent dans tous les sens :) Un peu plus loin, la rue Otome est le pendant du quartier d'Akiba (ce quartier dédié aux animes et mangas) mais pour les filles. C'est à dire en gros que les histoires de lycéennes et diverses héroïnes toutes mignonnes sont remplacées par des histoires de lycéens tout mignons. J'ai emprunté un escalier discret pour me rendre dans un de ces magasins, et je me suis retrouvé au milieu d'une cinquantaine d'adolescentes absorbées dans les rayons. Les caissières ont bien rigolé en me voyant, ce n'est apparemment pas courant de voir un mec dans ces librairies très spécialisées ^^ J'ai vite fait demi-tour pour aller diner dans un restaurant de ramen et de tempuras (beignets de légumes de poissons ou de viande), autrement plus accueillant :) Je croise les doigts pour avoir une accalmie des cieux demain !!