vendredi 2 avril 2010

Les châteaux du Kansai, Hiroshima et l'île de Miyajima

Après les temples, j'ai attaqué les châteaux ! Le plus célèbre d'entre eux au Japon, le château d'Himeji, faisait partie de mon programme. Construit à la fin du 16ème siècle, il est appelé le château du Héron Blanc de par sa couleur. Particulièrement imposant, il domine la ville d'Himeji du haut de sa tour de 5 étages. Ses multiples toits semblent comme enchevêtrés, donnant à l'ensemble un aspect très travaillé, très minutieux. On y trouve d'épais murs de fortification, troués de sympathiques meurtrières et autres trous à huile bouillante. Les étages inférieurs de la tour sont réservés au stockage de la nourriture et des armes en cas de siège. Tandis que les supérieurs permettent de guetter les alentours et de taquiner les assaillants, au besoin. Quelques autres bâtiments se trouvent dans l'enceinte du château, dont les quartiers de l'épouse du daimyo (seigneur) et de ses suivantes. Ce fameux ensemble est malheureusement victime de son succès. Comme à Eurodisney, il faut faire la queue au moins 30 minutes pour acheter son ticket et accéder à l'attraction. Et même alors, on se retrouve dans une seconde queue où l'on a l'impression de ne jamais avancer, ou trop avancer, bref, on ne peut pas visiter à son rythme. Un peu dommage.

D'autant plus que le matin, j'avais visité un premier château, plus modeste certes, mais dont j'étais quasiment l'unique visiteur. Celui-ci, situé à Hikone, un peu au Nord de Kyoto, ne possède peut-être que 3 étages, mais il est splendide et domine un magnifique jardin japonais dessiné autour d'un étang. L'étang et les mini-îles qui y ont été disposées représentent le vrai lac qui borde la ville d'Hikone. Ce complexe date du 17ème siècle. La visite était franchement plus agréable que celle d'Himeji. Pour être complet, j'ai vu aussi le château d'Okayama, dit château du Corbeau. Il date lui aussi du début du 17ème, et possède une architecture similaire aux deux autres. Malheureusement la version qu'on peut visiter aujourd'hui est une réplique en béton du vrai château rasé pendant la seconde guerre mondiale... Et ça se sent lorsqu'on en visite l'intérieur, plus impersonnel, moins authentique que les deux autres. Il n'empêche que l'extérieur est magnifique, donnant sur un célèbre jardin situé de l'autre côté de la rivière Asahi qui longe le château. En outre il a comme point commun avec Himeji d'avoir été construit sous l'impulsion de Todoyomi Hideyoshi, l'homme qui a réunifié les seigneurs du Japon à la fin du 16ème siècle.

En fin de journée, je suis passé à Osaka où se trouve l'un des plus grands aquariums au monde, le Kaiyukan. Il est logé dans un bâtiment de 7 étages, au milieu d'un complexe commercial bordant la baie d'Osaka. La visite commence par en haut, et l'on descend petit à petit le long d'un plan très légèrement incliné qui tourne autour d'un aquarium gigantesque. Cet aquarium renferme des milliers de poissons qui doivent vraiment se croire dans l'océan, dont des raies mantas géantes et, stars de Kaiyukan, deux requins-baleines ! On ne se lasse pas de les regarder se balader dans le bassin, suivis de centaines d'autres petits poissons. Côté extérieur du plan incliné, différents écosystèmes ont été reconstitués. On passe ainsi de la forêt japonaise au pôle nord, en passant par la Grande Barrière de Corail. Chaque ambiance possède une partie supérieure émergée, avec des animaux terrestres ou amphibiens, et une partie inférieure aquatique que l'on observe au travers de vitres. Dans l'ambiance pôle Nord par exemple, on peut admirer une bande de manchots empereurs somnolant sur la fausse banquise ou jouant dans l'eau glacée.

Hier, changement d'ambiance avec l'arrivée à Hiroshima. Au passage il s'est remis à pleuvoir, un temps parfait pour me rendre au mémorial de la paix. La c'était vraiment moins rigolo que l'aquarium, mais pour autant une visite inoubliable. Au début le musée commence gentiment, en présentant les aspects politiques du conflit, l'Hiroshima avant la bombe, les différentes guerres entreprises par le Japon fin 19ème/début 20ème. Plutôt abstrait jusqu'ici. Puis une maquette géante montre la ville avant et après le 6 août 1945 : un vaste champ de ruines avec deux ou trois ossatures de bâtiments qui ont résisté on ne sait comment. A l'étage supérieur, ça devient carrément angoissant. L'exposition raconte la vie et la mort brutale d'enfants et d'adultes qui ont succombé lors de l'explosion ou quelques jours après. Ces gens avaient un nom, on peut voir leurs vêtements en lambeaux, leurs objets personnels calcinés, des photos de leurs corps et de leurs visages mutilés. J'ai trouvé cette façon de narrer la catastrophe en racontant des expériences individuelles particulièrement efficace... En sortant je regardais les passagers du tram différemment, me disant qu'ils avaient certainement perdu de la famille ce jour-là, ou dans les mois qui ont suivi, succombant aux radiations. J'ai aussi apprécié l'objectivité des explications, ne prenant jamais partie pour le Japon. On y découvre d'ailleurs un Japon peu sympathique, très belliqueux et, pendant l'effort de guerre, inhumain envers sa propre population, notamment les travailleurs immigrés Chinois et Coréens.

Ambiance un peu plus légère aujourd'hui avec une randonnée sur l'île de Miyajima, à une demie-heure de ferry d'Hiroshima. Comme par magie il a fait super beau :) L'île est une petite montagne, il faut 1 heure pour se rendre au sommet. Beaucoup de touristes vont sur Miyajima pour admirer son célèbre torii (portique vermillon Shinto, comme ceux de Fushimi-Inari) planté dans la mer, à quelques centaines de mètres de la côte. Juste en face se trouve un temple sur pilotis, où se déroulait manifestement une cérémonie de mariage lorsque j'y suis passé. La balade dans la montagne était super peace, même si les marches sont asses rudes. Les candidats à l'ascension sont peu nombreux. Des petits cervidés se baladent par-ci par-là en espérant qu'on leur donne un peu de bouffe. Arrivé en haut du Mont Mizen, une petite tour d'observation permet d'admirer un paysage digne de l'île de Finn Razel. En redescendant par un autre versant, on peut visiter un très beau temple bouddhiste appelé Daisho-In.

Comme il me restait un peu de temps avant mon train vers Hakama, je suis repassé dans le parc du Mémorial. Juste en face du "Dôme de la Bombe Atomique", bâtiment témoin protégé – un des seuls ayant vaguement résisté à la bombe - j'ai discuté pendant une petite demie-heure avec un apprenti kamikaze de l'armée japonaise, 82 ans, qui était dans sa base à quelques kilomètres de là au moment fatal. Il parlait quelques mots d'Anglais qui lui ont suffit pour me raconter sa vie et me poser quelques questions sur mon voyage. Peu après j'ai fait quelques pas dans les jardins du château d'Hiroshima pour rentrer à la guest house récupérer mon sac. Encore une journée bien remplie, demain je continue mon trajet vers la pointe Sud du Japon, la région de Kyushu.

2 commentaires:

  1. Décidément, ce voyage "touristique" n'a rien à voir avec la fadeur des coûteux dépliants habituels. Ni même avec les guides aux superlatifs enjôleurs. Merci à notre Julien de nous plonger ainsi dans un réel de contrastes saisissants. Bien sûr, ceux qui ont vécu le temps épouvantable d'Hiroshima et de Nagasaki sont particulièrement sensibles à la visite du musée et du Mémorial ; mais le témoignage ici vécu par celui qui participe à cette évocation n'est pas moins émouvant ...
    Quant aux châteaux aux élégants toits de pagodes, ils sont aussi intéressants que ceux qui trônent dans la Cité interdite de Pékin.
    Bisous de tendresse des
    GM-GP.

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  2. C'est fou qu'en 1 siècle les châteaux soient restés presque identiques dans l'architecture (ça doit pas être très différent chez nous, mais c'est intéressant quand même). Ils sont stylés en tout cas !
    Trop mimi les manchots ^^ Il a l'air d'être fat cet aquarium O_o
    Pression les changements d'ambiance entre Hiroshima, Miyajima, l'aquarium, les temples... paye ta girouette ! :P

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